Ils délivreront la Palme d'or...
Ils le voulaient, ils ont fini par l’avoir. Après avoir été plusieurs fois contraint de refuser la fonction pour incompatibilité d’agenda, Steven Spielberg aura dès le 15 mai la lourde charge d’assurer la présidence du jury du 66e Festival de Cannes. Avec cette jolie prise, les organisateurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux démontrent, s’il était encore nécessaire, leur inclination pour le septième art américain, qui, chaque année, reste le cinéma étranger le plus représenté en compétition officielle.
Le réalisateur des "Dents de la mer" et de "Lincoln" endossera donc le costume autrefois porté par plusieurs de ces compatriotes. Clint Eastwood, Francis Ford Coppola, David Lynch, Martin Scorsese, Quentin Tarantino ou encore Tim Burton, pour ne citer que les plus récents, ont tous délivré une Palme d’or. En clair, il ne manquait plus que lui…
Des dinosaures contre un marchand de chevaux
En s’offrant les services de Steven Spielberg, les patrons du plus prestigieux des festivals de cinéma font le pari de confronter un prolifique auteur de films grand public à des œuvres se plaçant, pour la grande majorité, aux antipodes de son cinéma. Il sera intéressant de voir comment celui qui ressuscita il y a 20 ans les dinosaures avec "Jurassic Park" appréhendera et jugera "Michael Kohlhaas", le long-métrage du très confidentiel Arnaud des Pallières, qui met en scène les mésaventures… d’un marchand de chevaux dans la France du XVIe siècle.
Qu’on ne s’y trompe cependant pas, le père d’E.T. est un cinéphile notoire (on se souvient qu’il a fait tourner François Truffaut dans "Rencontre du troisième type"). Heureux possesseur de deux salles de projection privée, le réalisateur américain peut, comme il l’a lui-même révélé la semaine dernière à Télérama, regarder quatre à six films chaque week-end. Autant dire qu’il est plus que prêt à aborder la compétition cannoise et sa bagatelle de 20 films en lice.
Habitués de la Croisette
Mais avant d’annoncer le palmarès le 26 mai prochain, Steven Spielberg devra composer avec les fortes personnalités qui constituent le jury de cette édition 2013. Au premier rang desquels les cinéastes Cristian Mungiu, Lynne Ramsay et Naomi Kawase (photo ci-dessous), grands habitués de la Croisette.
Auréolé d’une Palme d’or en 2007 grâce à son haletant manifeste féministe "4 mois, 3 semaines, 2 jours", le Roumain Mungiu est reparti l’année dernière avec le Prix du scénario pour "Au-delà des collines", qui a valu par ailleurs le Prix d’interprétation à ses deux actrices principales. Les deux réalisatrices s’étaient quant à elles déjà rendues à Cannes en 2011 en qualité de sélectionnées en compétition officielle – la Britannique Ramsay pour "We need to talk about Kevin" ; la Japonaise Kawase pour "Hanezu, l’esprit des montagnes".
Toujours chez les cinéastes, Ang Lee fait également figure de poids lourd. Davantage abonnés aux Oscars qu’aux prix cannois, le réalisateur taïwanais n’a pas à rougir de sa filmographie. "Tigre et Dragon" lui a permis de remporter quatre statuettes hollywoodiennes, "Le Secret de Brokeback Mountain" lui en a offert trois et "L’Odyssée de Pi" quatre…
Impressionnants CV
Du côté des acteurs, les CV n’en sont pas moins majestueux. On ne présente plus Nicole Kidman dont les choix de ces dernières années témoignent d’une certaine exigence et d’une propension aux prises de risques. Vue lors de l’édition précédente aux côtés du jeune Zac Efron sur lequel elle urinait pour les besoins de "The Paperboy", l’actrice australienne a tourné avec les cinéastes réputés pointilleux pour ne pas dire tyranniques : Stanley Kubrick ("Eyes Wide Shut") en 1999 et Lars von Trier ("Dogville") en 2003.
Depuis son apparition remarquée en officier nazi polyglotte dans "Inglorious Basterds" de Quentin Tarantino, le comédien surdoué Christoph Waltz jouit d’une renommée internationale qui l’a amené, depuis, sur les plateaux de Michel Gondry ("The Green Hornet") et de Roman Polanski ("Carnage"). L’Autrichien est annoncé dans les prochains long-métrages de Terry Gilliam et de Tim Burton.
Moins "internationaux", le Français Daniel Auteuil (photo ci-dessus) et l’Indienne Vidya Balan sont de véritables stars en leurs pays, où ils reçoivent régulièrement les honneurs du public et de la critique. Depuis quelque temps, l’acteur tricolore s’attelle à la réalisation. Après "La Fille du puisatier", il s’attaque à la pagnolesque trilogie "Marius-Fanny-César", dont le premier volet devrait sortir sur les écrans avant la fin de 2013. L’avenir dira si cet ambitieux projet lui vaudra d’intégrer la caste des réalisateurs de renom à laquelle appartiennent certains de ces co-jurés. Et, surtout, son président.
Photos : de haut en bas et de gauche à droite : Steven Spielberg (AFP), Vidya Balan (Karthik C-Flickr), Nicole Kidman (AFP), Christoph Waltz (ABC Television-Group Flickr).
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