Des stars et des Dieux

La faune qui peuple les nuits cannoises se divise en deux espèces distinctes. Celle qui assiste aux soirées sponsorisées ("vous avez une invit’ ?") et celle qui regarde un film roumain de 2 heures 30 sur le quotidien de deux femmes dans un couvent ("un café bien serré, s’il vous plaît !"). Nous faisons partie de la seconde. Nous n’en tirons aucune gloire, mais il est parfois bon de rappeler l’esprit d’entière abnégation qui nous habite ici sur la Croisette.

 

Une cerise sur un gâteau sec

 

Nous nous faisions une joie de voir le long-métrage en compétition de Cristian Mungiu. Son opus précédent, "4 semaines, 3 semaines, 2 jours", qui lui valu en 2007 une Palme d’or méritée, était une haletante course contre la montre aux accents féministes. Sa dernière réalisation "sera donc du même tonneau", nous frottions-nous les mains. Et là, patatras, déception. "Au-delà des collines" est un film froid et austère qui mettra deux heures à nous sortir de la léthargie.

 

 

 

 

 

  

Avant d’apercevoir la lumière, il nous faudra donc passer 120 longues minutes parmi une communauté de nonnes dont le triste quotidien monacal est perturbé par l’arrivée d’une jeune fille un tantinet rebelle. Cent-vingt longues minutes de chuchotements, d’épluchages de patates et de confidences coupables entre les deux personnages principaux (Cosmina Stratan, Cristina Flutur, toutes deux actrices débutantes). Le tout entrecoupé d’hystériques séances d’exorcisme.

 

En cinéaste malin et talentueux, Mungiu distille ça et là de magnifiques plans fixes magistralement composés mais réserve toute sa maestria de metteur en scène à la toute dernière demi-heure. Comme une cerise sur un gâteau sec. Le prix à payer pour le spectateur est néanmoins trop élevé pour qu’on puisse classer ce cruel pamphlet contre l’Eglise orthodoxe film parmi les favoris de la compétition.

 

Cosmina Stratan et Crisitina Flutur, celle qui croyait au ciel et celle qui n'y croyait pas.

 

Grosses ficelles

 

Mais comment devient-on un amoureux fervent de Dieu ? C’est la question à laquelle le Marocain Nabil Ayouch se propose de répondre. Présenté en section Un certain regard, "Les Chevaux de Dieu" explore les raisons qui ont poussé des jeunes du bidonville de Sidi Moumen à se faire exploser, le 16 mai 2003, en plusieurs endroits de Casablanca.

 

Bon élève, le réalisateur marocain aborde son sujet par la face, très scolaire, du destin familial. A savoir celui des deux frères (les convaincants Abdelhakim Rachid et Abdelilah Rachid, eux-mêmes originaires de Sidi Moumen) que la misère, les humiliations et les frustrations quotidiennes vont pousser dans les bras de l’islamisme radical.

 

Abdelilah Rachid, acteur issu du bidonville casablancais de Sidi Moumen.

 

L’approche est académique et les ficelles scénaristiques souvent trop grosses pour qu’on puisse réellement discerner la logique psychologique qui a mené les protagonistes sur la voie du terrorisme. Un message, en passant, à l’adresse des compositeurs de musique de films : nous n’en pouvons plus des trois notes de piano à la Yann Tiersen.

 

Village people

 

Outre les monastères roumains et les quartiers pauvres du royaume marocain, il est un endroit du monde qui concentre toutes les attentions, c’est le tapis rouge. Une bande de quelques mètres de long où évolue chaque jour cette autre espèce de la faune cannoise : celle des stars, des vedettes, des célébrités.

 

Faisons un petit point "people" avec notre photographe envoyé spécial aux portes du Palais de Festivals.

 

Ce samedi matin, c’est la distribution hollywoodienne de "Lawless" qui a illuminé la Croisette. Présenté en compétition, le film de l’Australien John Hillcoat réunit un casting taillé pour les photographes accrédités. Si Shia LaBeouf ("Transformers"), qui y tient le rôle principal, "fait un peu la gueule" (dixit notre photo-reporter), Jessica Chastain ("The Tree of Life"), elle, fait un sans-faute… "Elle est très pro, ses expressions sont spontanées."

 

Jessica Chastain et son partenaire dans "Lawless", Shia LeBeouf. (crédit : Mehdi Chébil)

 

Hier, l’actrice avait déjà fait montre de sa photogénie à l’occasion de l’avant-première du film d’animation "Madagascar 3 : Bons baisers d’Europe", pour lequel elle prête sa voix à la féline Gia. A ses côtés : Ben Stiller ("Tonnerre sous les tropiques"), qui "fait le minimum syndical", David Schwimmer (notre "Friends" Ross) et Chris Rock ("Two Days in New York"), plus généreux que son collègue puisqu’il s’est fendu d’une petite danse sur le tapis…

 

Il a la réputation de ne pas vraiment goûter l’exercice. Sean Penn ("Mystic River") a pourtant consenti à faire la pause devant les flashs. Grand habitué du Festival, où il occupa le poste de président du jury, l’ancien "bad boy" d’Hollywood participait ce vendredi à la soirée caritative destinée à récolter des fonds pour Haïti (9 300 euros la place, pas donné). Et la presse people ne s’en remet toujours pas : lors du photo-call, l’acteur a pris soin de ne pas s’afficher aux côtés de son ex-girlfriend Petra Nemcova, elle aussi très investie dans la cause haïtienne.

 

Sean Penn, esprit moustache. (crédit : Mehdi Chébil)

 

L’info croustillante la moins bien gardée de ce début de Festival est française. Elle concerne Michel Gondry qui a été vu, jeudi soir, par à peu près tout ce que la Croisette compte de festivaliers en train d’embrasser ostensiblement une fort jolie – et jeune – demoiselle lors d’une soirée arrosée. Le forfait a eu lieu durant la fête de la sélection La Quinzaine des réalisateurs, dans laquelle le cinéaste français présente "The We & The I". En fait, ce soir-là, nous avons bien fait de rester voir un film. Roumain ou pas.

 

 

 

 

 

A écouter et à lire sur RFI :

-Quand les people quêtent pour Haïti

-Une journée particulière de Gilles Jacob

 

Comments or opinions expressed on this blog are those of the individual contributors only, and do not necessarily represent the views of FRANCE 24. The content on this blog is provided on an "as-is" basis. FRANCE 24 is not liable for any damages whatsoever arising out of the content or use of this blog.
1 Comments
j'espere que f24 fete aussi la colutre du festival de cannes.

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
  • Aucune balise HTML autorisée

Plus d'informations sur les options de formatage

CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.