Petite excursion dans le monde parallèle de Cannes

Il n’y pas que la Palme d'or dans la vie. Outre les 22 œuvres concourant pour le Saint Graal, pléthore de longs-métrages seront présentés en marge de la compétition. Tour d'horizon, pas du tout exhaustif, des films, des sections et sélections parallèles qui pourraient faire de l'ombre aux impétrants.

 

 

Hors compétition et séances spéciales

 

Tea Falco et Jacopo Olmo Antinori, "Moi et Toi"

 

Il avait officiellement ouvert le 64e Festival de Cannes, lors d'une cérémonie où il s'était vu remettre une Palme d'honneur. L'Italien Bernardo Bertolucci revient cette année sur la Croisette avec "Moi et Toi" (photo ci-dessus), présenté en sélection officielle mais hors compétition. Le réalisteur du "Dernier tango à Paris" et de "The Dreamers" , aujourd'hui septuagénaire et physiquement diminué (l'an passé, il s'était présenté devant le public cannois en fauteuil roulant), conte les affres adolescentes d'un garçon introverti de 14 ans ayant décidé de se retrancher dans une cave.

 

Plus ancré dans l'actualité, "Le Serment de Tobrouk", du philosophe français Bernard-Henri Lévy, revient sur les huit mois d'un soulèvement qui, porté par les exemples tunisien et égyptien, mit fin au règne sans partage de Mouammar Kadhafi. Par ce documentaire, présenté en séance spéciale, les organisateurs du Festival entendent rendre homage au âpre combat que des Libyens anonymes ont mené pour la liberté. Comme un signal envoyé à ceux qui résistent depuis plus d'un an à la machine répressive du régime syrien.

 

Audrey Tautou et Gilles Lellouche, "Thérèse Desqueyroux"

 

En guise d'hommage au cinéaste Claude Miller ("La Petite Lili", "La Classe de neige"), disparu le 4 avril, c'est sa dernière réalisation, "Thérèse Desqueyroux", d'après le roman éponyme de François Mauriac, qui clôturera la quinzaine. Dans le rôle de l'empoisonneuse et de l'empoisonné : Audrey Tautou et Gilles Lellouche (photo ci-dessus). Il fallait bien un photogénique couple pour fermer le ban.

 

 

Un certain regard


La presse québécoise ne décolère pas. Le comité de sélection a eu l'outrecuidance de reléguer le troisième long-métrage de l'enfant prodige Xavier Dolan ("Les Amours imaginaires"), 23 ans, en section Un certain regard. Film somme, "Laurence Anyways" accompagne, une décennie durant, un couple hétérosexuel dont l'homme veut être femme. Une histoire d'amour transgenre portée par le Français Melvil Poupaud et la Québécoise Suzanne Clément. Dans le rôle de la mère du travesti, Nathalie Baye semble à l'image de cette "love story" : extraordinaire. Jugez-en avec la - longue - bande annonce du film qui est, à elle seule, un petit bijou de cinéma (ci-dessous).

 

 

 

 

Ce qui fait le succès de Cannes, c'est cette propension à tisser des histoires cousues main pour les journalistes.

Cette année, le Festival fait dans la saga familiale avec la splendeur des Cronenberg. Comme si la Croisette ne pouvait se contenter de David, le père (le cinéaste canadien est en compétition avec "Cosmopolis"), les organisateurs ont convié Brandon, le fils, à présenter son premier film, "Antiviral", thriller de science-fiction qui, comme son titre cronenbergien l'indique, parle d'infection, de poussées de fièvre et de contamination. Hypocondriaque, passe ton chemin.

 

Pete Doherty et Charlotte Gainsbourg, "Confessions d'un enfant du siècle"

 

Autre coup de génie, celui de la réalisatrice française Sylvie Verheyde qui a su réunir à l'écran la sensible Charlotte Gainsbourg et l'enfant terrible du rock anglais Pete Doherty pour son adaptation, très XIXe, des "Confessions d'un enfant du siècle" (photo ci-dessus), seul roman qu'Alfred de Musset n'ait jamais écrit. Le romantisme à la française ne pouvait trouver meilleurs ambassadeurs.

 

Changement radical de registre avec un autre film en costumes. Pour "Le Grand Soir" du turbulent duo grolandais  Benoît Delépine-Gustave Kervern ("Mammuth"), le non moins impétueux Benoît Poelvoorde arbore la crête de coq, le treillis militaire et les épingles à nourrice. Le Belge campe le "plus vieux punk à chien d'Europe" dont le demi-frère, interprété par Albert Dupontel, vient de se faire congédier et par son épouse et par son employeur. Mort aux vaches, quoi.

 

 

 

 

Seul Subsaharien sélectionné, le Sénégalais Moussa Touré ("Toubab Bi") s'empare, avec "La Pirogue", d'un sujet d'une brûlante et tragique actualité, celui des jeunes émigrés clandestins embarquant dans des bateaux de fortune afin de rejoindre le continent européen, synonyme de jours meilleurs.

 

 

La Quinzaine des réalisateurs

 

"The We & the I"

 

Ne cherchez pas, aucune star ne figure à la distribution de "The We & The I" (photo ci-dessus). Le dernier film américain du Géo Trouvetout français Michel Gondry ("Eternal Sunshine of the Spotless Mind") met en scène un groupe de lycéens du Bronx célèbrant la fin de l'année scolaire. Un huis-clos motorisé ayant pour unique décor un bus qui, au fil du récit, se vide de ses passagers...

 

Du côté de la Française Noémie Lvovsky ("Les Sentiments"), on semble lorgner la comédie US. Dans "Camille redouble", l'actrice et réalisatrice renvoie, un soir de Saint-Sylvestre, son héroïne quadragénaire dans le passé. L'occasion pour cette femme trompée d'infléchir le cours de son malheureux destin. On se croirait chez Harold Ramis ("Un jour sans fin").

 

Denis Podalydès et Valérie Lemercier, "Adieu Berthe"

 

Toujours au rayon comédie hexagonale, "Adieu Berthe", de Bruno Podalydès ("Le Mystère de la chambre jaune"), s'immisce dans le quotidien d'un cinquantenaire en pleine crise existentielle (Denis Podalydès, acteur d'élection de son frère réalisateur) qui ne sait s'il doit enterrer ou incinérer sa grand-mère tout juste disparue. On se rejouit déjà de la présence de Valérie Lemercier au générique.

 

Pour en finir avec ce franco-centrisme (ça va finir par se voir), jetons un coup d'œil du côté de la Chine.  "Dangerous Liaisons" de Jin-ho Hur a pour décor le Shanghai des années 1930, où deux anciens amants, séducteurs patentés, s'amusent au jeu de l'amour et du hasard... On l'aura deviné dès la lecture du titre, le film est une adaptation chinoise du chef d'œuvre de la littérature libertine française "Les Liaisons dangereuses". Décidemment.

 

La Semaine de la critique

 

Sélection qui a réuni nombre de suffrages l'an passé grâce, notamment, au pétillant film "La guerre est déclarée" de Valérie Donzelli et au magistral "Take Shelter" de Jeff Nichols (en compétition cette année avec "Mud"), la Semaine de la critique a décidé, en 2012, de se centrer sur des premiers films. Difficile dès lors de se prononcer...

 

À noter, la présence en tant que réalisateur de Louis-Do Lencquesaing ("Au galop"). Excellent devant la caméra, le sera-t-il tout autant derrière ? À suivre.

 

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